Autolib’ : un bras de fer entre la Mairie de Paris et le groupe Bolloré

Si le rêve du maire de Paris, Anne Hidalgo, était de faire de Paris une référence en matière de mobilité écologique et connectée, la route est encore bien longue. Le Vélib’ et l’Autolib’ semblaient être ses deux armes principales jusqu’à ce que tout parte à vau-l’eau ! Changement de prestataire compliqué pour Vélib’ et déficit faramineux pour Autolib’ !

autolib, autopartage, anne hidalgo, deficit, bollore,En 2011, Bertrand Delanoë – alors maire de Paris – lançait en fanfare le nouveau et révolutionnaire service public d’autopartage de voitures électriques en libre-service, disponible dans l’agglomération parisienne : Autolib’. Ce contrat entre l’Hôtel de Ville et les voitures du groupe Bolloré court jusqu’à fin 2023. Pourtant, l’enthousiasme général semble être retombé comme un soufflé. D’un côté, la mairie de Paris pointe du doigt les coûts démesurés du service « old fashioned » du groupe Bolloré, et du coté de la firme, c’est la mauvaise gestion des pouvoirs publics qui irrite !

Ainsi, bien que les utilisateurs soient nombreux et convaincus par le service particulièrement pratique qu’est Autolib’, côté rendement ce n’est pas la même chanson. Et en effet, le groupe Bolloré estime aujourd’hui qu’au terme du contrat, en 2023, le déficit s’élèverait à 293,6 millions €. Bien entendu, la firme française internationale de transport, de logistique et de communication, ne voit pas Autolib’ comme une oeuvre caritative et n’envisage pas de prendre tout à sa charge. A ce titre, le groupe Bolloré réclame aux collectivités 46 millions € par an afin de permettre d’éponger les dettes. Une somme « extravagante » selon Anne Hidalgo qui ne l’entend pas de cette oreille ni pour la ville de Paris, ni pour les 97 communes d’Ile-de-France concernées.

Notez qu’initialement, c’est le syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole qui a demandé un audit destiné à mieux appréhender les prévisions financières inquiétantes du service d’autopartage. Si le rapport annonçait déjà une dette d’exploitation de 179 millions €, la projection à 2023 de Bolloré est la goutte de trop ! Surtout quand le groupe rappelle qu’il n’accepte de prendre que 60 millions € à sa charge en tant que délégataire de ce service public.

Anne Hidalgo semble envisager la mise au placard d’Autolib’

autolib, autopartage, anne hidalgo, deficit, bollore,L’annonce du montant de la dette semble refroidir très nettement les différents acteurs politique (Valérie Pécresse, le parti LR…), mais aussi la mairie de Paris sur ce service d’autopartage de voitures électriques :

 Autolib’ a été en son temps « une belle invention, avec une vision révolutionnaire qui a offert et offre un service apprécié aux Parisiens et métropolitains », mais qui est aujourd’hui « un peu moins séduisant » lance Anne Hidalgo avant de souligner ses réticences : « Que les villes subventionnent une offre de transports publics, c’est entendable. Mais la somme demandée par l’entreprise est extravagante. Il est hors de question que les communes, et donc les contribuables, la prennent à leur charge. »

Mais le maire PS de la ville de Paris ne se pose pas que la question du montant de la dette et se questionne sur la pertinence du fonctionnement de ce service qui pourrait être un peu daté. L’alternative selon elle, pourrait venir des constructeurs avec qui elle est en discussion.

« Au-delà du coût, je veux poser la question du modèle. Autolib’ a été inventé il y a dix ans pour imaginer de nouvelles formes de mobilité. Il a ouvert la voie à un nouvel usage de la voiture et prouvé que le véhicule électrique fonctionne. Ce dispositif devait être rentable. Force est de constater qu’il ne l’est pas. Sûrement a-t-il été percuté par d’autres évolutions technologiques et de la mobilité : les VTC, les scooters en libre-service, les vélos à assistance électrique… »

Et qu’en pense le groupe Bolloré ? 

Depuis l’annonce du montant de la dette estimée pour 2023, le groupe Bolloré avait fait profil bas. Mais lundi 4 juin dernier dans l’après-midi, le groupe est sorti de son silence. Voici donc le communiqué virulent qui n’hésite pas à dénoncer l’impassibilité des syndicats face aux inquiétudes du groupe et sa stupéfaction suite aux propos tenus par Anne Hidalgo qui ne semble pas se sentir concerner par le déficit d’Autolib’ et préfère aller chercher une solution ailleurs ! 

« Le groupe Bolloré a pris connaissance avec stupéfaction des déclarations d’Anne Hidalgo et du Syndicat Mixte Autolib’ Velib’. […] Il tient à rappeler que, par contrat signé entre les parties, il est clairement précisé que le groupe Bolloré, qui devait déjà financer les investissements, ne pouvait prendre à sa charge plus de 60 millions d’euros de pertes de ce service de transport public. » 

« Il signale qu’il n’a cessé d’alerter le Syndicat depuis trois ans de la dérive financière du service sans qu’aucune mesure ne soit prise et regrette cette polémique qui va encore nuire à l’image du service et peser sur ses performances. Rappelons, par exemple, que lors de la dernière journée sans voiture à Paris, les VTC à moteurs thermiques ont eu le droit de circuler et pas les Autolib’ électriques. »

Comment les différents partis voient la suite des choses ? 

Pour la maire de Paris, Autolib’ est désormais un service désuet qui a fait son temps. La mode est ailleurs. La mode est aux entreprises de voitures électriques en « free floating » (sans attache fixe). Ainsi comme pour le Velib’ ou les Cityscoot, il n’y aurait plus véritablement de stations où déposer la voiture. On les retrouverait en géolocalisant les voitures disponibles. Une question tout de même : comment recharger ces voitures. Mais visiblement nous sommes encore bien loin d’en être là !

Quant au groupe Bolloré, la solution est moins radicale et également déjà expérimentée ailleurs : 

« Comme pour Velib’, qui a été récemment reconcédé à un tiers, le Syndicat peut parfaitement reconcéder s’il le souhaite le service Autolib’ à un nouvel opérateur. »

Une jolie partie de tennis où tout le monde ne cesse de se renvoyer la balle ! Qui trinquera pour tout le monde, telle est la véritable question !

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