La réforme du permis de conduire en 5 points

Voilà maintenant 2 ans que la réforme du permis de conduire initiée par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, planait sur nos têtes. Une bonne nouvelle qui se faisait un peu attendre, mais c’est désormais chose faite. En effet, depuis lundi 2 mai dernier, les futurs automobilistes sont censés passer un permis de conduire moins onéreux et avec des délais de passages plus courts. Zoom sur une réforme nécessaire mais qui ne semble pas encore parfaitement au point…

C’est en début de semaine, lundi 2 mai 2016, que la fameuse réforme du permis de conduire a été mise en place. Cette dernière a pour but principal de réduire les délais de passage des examens et les coûts excessifs du permis de conduire, le tout en assurant une sécurité encore accrue sur nos routes. Si les mesures semblent bonnes et appréciées de tous, la mise en place laisse place au doute. Les premiers aspirants au fameux « papier rose » – qui a d’ailleurs lui-même changé puisque il a désormais pris le format d’une carte de crédit – essuient les plâtres et y laissent quelques billets supplémentaires !

En s’attelant aux deux gros chantiers que sont le temps et l’argent, la réforme du permis de conduire réorganise donc l’intégralité du long processus qui mène à l’obtention des examens théorique (code) et pratique (conduite). Voici les 5 grands points de cette réforme du permis.

1 – Nouveau Code de la Route : un axe majeur de la réforme du permis de conduire

Jusqu’à aujourd’hui l’examen du code de la route se composait de 700 questions. Elles sont aujourd’hui remplacées par une série de 1.000 nouvelles questions d’un nouveau genre dont certaines sont même sous format vidéo ou en vue aérienne. On retrouve évidement les traditionnelles questions sur les panneaux, les priorités et autres questions théoriques mais à celles-ci s’ajoutent désormais de nouvelles catégories telles que la notion d’anticipation, l’écoconduite, les voitures automatiques, les usagers vulnérables (vélos, piétons…), le secourisme ou encore la cohabitation entre voitures et motards. Autant de thèmes primordiaux qui ont tout à fait leur place dans cet examen… à condition de bien préparer les candidats !

Ainsi le code de la route, prend de nouveaux airs : les 1,4 million de candidats au permis de conduire pourront se voir poser des questions inhabituelles comme identifier l’information principale entre le regard du conducteur que l’on croise et le marquage au sol. La bonne réponse, aussi étonnant que cela puisse paraître, est la première solution. Cela peut paraitre anecdotique mais c’est une façon d’apprendre à anticiper la conduite des autres automobilistes et ainsi à rendre nos routes plus sûres ! Détails techniques, l’examen ne se passera plus avec un boitier à la main mais sur une tablette tactile.

Les premiers retours sur ce point de la réforme du permis de conduire ne sont pas brillants : le taux de réussite à l’épreuve avoisinait jusque-là les 70 % et vient brusquement de chuter à 17 %. Le problème ? Les autos-écoles ne seraient pas prêtes et n’auraient pas toutes reçues les nouveaux DVD de code ! En clair, la réforme semble être allée trop vite, ce qui risque de coûter cher aux candidats recaler ! Espérons que tout rentre rapidement dans l’ordre car pour une réforme censée rendre l’obtention du permis de conduire moins onéreuse et plus rapide, on peut dire que c’est pour le moins contre-productif.

2 – Inciter à la conduite accompagnée

Autre piste de cette réforme pour améliorer l’examen de la conduite : la conduite accompagnée. Cette dernière a tendance à régresser alors qu’elle constitue pourtant un excellent moyen de réduire les délais et les coûts tout en affichant un taux d’accidentalité nettement plus faible que la moyenne chez ces jeunes conducteurs au cours de leur première année de conduite.

Ainsi dans le cadre de la réforme du permis, une campagne nationale de promotion des modes d’apprentissage accompagnés est prévue. Par ailleurs lors de l’inscription à l’auto-école les candidats se verront systématiquement proposer la conduite accompagnée et seront encouragés à opter pour l’apprentissage sur véhicule automatique, électrique ou hybride. En outre, la réforme prévoit de profiter de la journée défense et citoyenneté pour promouvoir ce mode d’apprentissage. Pour ce faire, à partir de la rentrée 2015, cette information s’inscrira dans des modules plus large de sensibilisation à la sécurité routière. 

3 – Des inspecteurs davantage disponibles pour le permis B

Les délais pour passer son permis de conduire sont extrêmement coûteux en grande partie à cause des cours qu’il faut prendre régulièrement pour maintenir son niveau en attendant d’enfin obtenir une date d’examen : 70 jours en moyenne au niveau national, 3 mois après un premier échec et même jusqu’à 5 mois dans certains départements comme l’Ile-de-France. Notez que les autres pays européens affichent un délais moyen d’un moi et demi, soit beaucoup mieux qu’en France.

La réforme  du permis de conduire s’attaquent donc au problème en rendant les inspecteurs du permis de conduire plus disponibles pour le permis B (aux dépends des autres permis) afin qu’ils fassent passer plus d’épreuves ! En 2014, l’examen du code s’était déjà appuyé sur les retraités de la gendarmerie et de la police nationales et d’autres agents publics pour décharger les inspecteurs de la surveillance de l’épreuve et l’épreuve avait été réduit de quelques minutes pour ajouter une session par jour.

Sur ce point de la réforme les premiers retours semblent plutôt positifs : à peine la mesure a été mise en place que les délais pour passer les examens ont été réduits partout en France, sauf en Corse du Sud ! Notez que cette nouvelle mesure, permet de dégager l’équivalent de 200 postes d’inspecteurs et de diminuer de moitié les délais d’attente pour passer le permis de 98 à 45 jours.

4- Des prix exorbitants

En France, il faut en effet compter en moyenne 1.600 € pour obtenir son permis de conduire même si  la conduite accompagnée ou la conduite sur boîte automatique permettent de faire baisser le tarif autour de 1.100 €. A l’inverse, ceux qui n’ont pas leur permis du premier coût se retrouvent à devoir payer beaucoup plus cher, parfois jusqu’à 3.000 €. Une fortune intouchable pour les jeunes cherchant à obtenir un document souvent nécessaire pour leur intégration dans la vie active et primordial en matière de sécurité routière ! 

Ainsi, bien que ce prix soit comparable à celui de nos voisins européens, le prix n’en est pas moins douloureux. Pour diminuer les coûts, le gouvernement s’appuie donc sur toutes les mesures citées précédemment, mais demandent également aux auto-école de ne pas exiger de frais de transfert en cas de changement d’auto-école, de rendre les forfaits plus transparents et de diversifier l’offre.

5 – De nouvelles pistes encore en discussion

Si la réforme du permis de conduire est d’ors et déjà mis en place, les pistes de réflexion ne sont pas pour autant fermées. Ainsi, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) étudie l’idée d’un démarrage de la conduite accompagnée dès 15 ans et d’un passage du permis B dès 17,5 ans. Ainsi les jeunes concernés pourraient mieux articuler l’apprentissage de la conduite et le temps des études. Une autre piste de réflexion est ouverte sur les auto-écoles afin de moderniser la profession avec par exemple  à la clé  l’accent sur les différentes formules d’apprentissage afin que chaque candidat s’y retrouve  ; une carte adaptable en cours de formation

Comparaison européenne du permis B

Pays Coût de la formation Taux de réussite
France 1 500 € 60 %
Belgique de 300 à 1 500 € 55 %
Pays-Bas 1 800 € 48 %
Allemagne 1 500 € 72 %
Royaume-Uni 1 600 € 45 %
Norvège de 2 000 à 3 000 € 75 %
Autriche 1 500 € 86 %

Source : rapport Gilbert (2014)

 

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